Trois heures du Matin. Montrose Place est déserte. Comme tous les soirs, Charles Meatcalf passe en seconde avant d'aborder la montée et fait lentement le tour du square. Il est payé pour veiller sur le beau monde de Belgravia, pas pour le réveiller. Le miaulement aigu d'un chat cherchant une compagne le fait sursauter, et il donne un premier coup de coude à l'agent Bricknel, assis à côté de lui dans l'austin aux flancs ornés d'un damier noir et blanc. Le véhicule s'immobilise devant le numéro 6, une belle maison victorienne à la façade fraîchement repeinte, et l'agent Meatcalf lève les yeux vers le deuxième étage, où brille une lumière.
- --Y doivent pas s'embêter là-dedans, hein ? dit-il avec un rire gras, enfonçant de plus belle son coude dans les côtes de son passager.
Comme tous les soirs, Bricknel adresse une prière au ciel pour que tout à l'heure, en entrant dans le bureau de l'inspecteur Pleasance, il trouve cette nomination au service de jour qu'il attend depuis sept mois.
La lampe de la coiffeuse, une simple demi-sphère d'acier, jette une lumière irréelle sur le visage de Marc Renan. Les yeux mi-clos, les mâchoires serrées, il surveille le pénis ambré, lisse et brillant, qui rampe vers Sandra. Elle est assise sur le couvre-lit de soie blanche, le dos calé par un oreiller, nue. Ses poignets et ses chevilles sont attachés aux montants du lit par de fines cordelettes, dont il a lui même serrer les noeuds. Sa respiration semble oppressée, rauque. Marc sent le sang battre à ses tempes, à sa gorge. Il avale sa salive, effleure d'une main le sein de Sandra. Elle ne bouge pas, fascinée par l'avance du sexe pointé vers elle. Marc s'enhardit, ses doigts caressent le ventre satiné de sa femme. Elle tressaille et, comme tirée d'une transe, tente encore une fois de se libérer de ses liens.
- --Marc, supplie-t-elle, relâche-moi, je t'en prie. Je ne veut pas.
Sa voix est presque un murmure.
- --Je ne veut pas, répète-t-elle sans conviction.
- --Tu en as envie, Sandra, je le sais. Regarde, tu es tout humide.
Accompagnant ses paroles, la main de Marc plonge entre les cuisses de Sandra. Les joues de la jeune femme s'empourprent, excitation et honte mêlées. Non elle ne veut pas que Clapton la touche. Comment pourrait-elle lui donner son corps ce soir, et continuer demain à déchiffrer avec lui les mystères des intégrales, dans le calme studieux de la bibliothèque ? Oui, elle veut cette verge qui avance inexorablement vers elle, cette chair vibrante qui semble grossir au fur et à mesure qu'elle se rapproche du but. Elle ferme les yeux pour ne pas voir l'homme auquel elle appartient, celui qui lui enseigne les maths et la physique depuis un mois. Elle pense en un éclair que Marc a choisi un répétiteur noir uniquement en prévision de cette soirée. Puis son esprit se brouille. Elle cesse de lutter et tout, autour d'elle, devient sensations. Les mains de Marc sont sur elle. Elle s'abandonne à leur contact familier, à leur habileté un peu rude, mais efficace. Ces doigts connaissent le moindre recoin de sa peau, savent où s'attarder, où se faire légers ou pressants. Contre sa toison, un frôlement. La verge noire la touche et lui arrache un petit gémissement. Son sexe gonflé, douloureux, vide, appelle le mâle.
Marc se penche sur elle, prend la pointe de son sein dans sa bouche. Le bouton de chair devient dur. Sandra tend son ventre vers le pénis d'où s'échappe une goutte de liqueur. Mais ses liens l'empêchent de se mouvoir. Elle devra attendre le bon vouloir de ce sexe, le bon vouloir de Marc, le bon vouloir de Clapton. Ses hanches ondulent maintenant sans qu'elle puisse les contrôler. Elle se passe la langue sur les lèvres et, les yeux toujours clos, souffle :
- --Marc, je le veut ! Tout de suite !... Marc !
- --Oui, ma douce, répond-il. Sois patiente.
Il tète les seins de Sandra avec avidité, caresse son clitoris. Elle sent sa tête battre comme un coeur affolé, ses jambes lui font mal à force d'être tendues. Quand la verge de Clapton heurte sa chair humide, elle croit qu'elle va s'évanouir.
- --Marc ! fais-le, je t'en supplie ! Fais-le !
Elle ouvre les yeux pour voir Marc écarter délicatement les lèvres de son sexe d'une main, saisir de l'autre le membre luisant et le guider en elle. Un cri de délivrance s'échappe de sa bouche. Elle a l'impression que son ventre happe l'homme, l'emprisonne à jamais en elle. Le pénis qui lui fait maintenant l'amour avec rage est le seul lien qui la rattache à cet amant fantôme, que Marc a voulu instrument de son plaisir. Un sexe noir, et les mains blanches de Marc qui dessinent son corps. Elle cherche la bouche de son mari tandis que ces hanches suivent les mouvements de l'homme, que sa chair en feu répond à celle qui la laboure. Elle est emportée par une cascade d'orgasmes, jaillie comme des larmes trop longtemps retenues. Sandra crie et pleure contre la joue de Marc. Il sourit. Il a dégrafé son pantalon et ses doigts ont libéré son membre qui veut jouir. Il ne peut plus se retenir.
Dans son ventre, Sandra sent les pulsations annonciatrices du plaisir de l'autre. Quand Marc presse sa verge contre sa bouche, elle l'accueille avec passion, enroule sa langue autour de la tête douce et gorgée de sève comme un fruit mur. Clapton jouit en elle. Sandra boit le sperme de Marc jusqu'à la dernière goutte.
Six heure du matin. L'agent Meatcalf a déposé Bricknel chez Charlie's et l'a abandonné devant sa tasse de café brûlant. Dans Montrose Place désert, il passe en seconde avant d'aborder la montée et glisse lentement vers le numéro 6. La lumière brille toujours. L'agent Meatcalf a un petit sourire, qui fait disparaître ses yeux dans ses joues bouffies. Une porte claque, le faisant sursauter. Du perron de la maison victorienne, un jeune homme descend, rajustant sa chemise. Il porte sa veste et sa cravate à la main. Il a l'air hébé. Quand il aperçoit la voiture de police, il se secoue et se dirige à grande enjambées vers Halkin Street, Meatcalf siffle doucement entre ses dents.
- --Un noir ! dit-il, regrettant l'absence de Bricknel. Ben, ça doit être une belle salope !
Sandra, dans un long peignoir de satin corail, pousse la porte du bureau de Marc en étouffant un bâillement. Elle se demande comment, après la nuit mouvementée qu'ils ont passer, son époux a pu trouver le courage de se lever, pour aller s'acquitter de ses tâches à l'ambassade. Elle-même n'est levée que depuis deux heures, et elle n'est pas très sûre d'être réveillée.
- --Marc mon chéri, Adèle vient d'annoncer que le thé était prêt.
Renan repose tranquillement le combiné de téléphone qu'il venait juste de décrocher. Il se lève, fait le tour du bureau et enlace Sandra.
- --Bonjour ma belle fripée !
Il l'embrasse tendrement, puis lui fait faire un demi-tour sur place et lui assène une petite tape sur les fesses.
- --Va vite, je te rejoins.
Elle lui envoie un baiser feutré et glisse hors de la pièce.
La simple mention du nom d'Adèle suffit à agacer Marc. Il n'aurait jamais dû permettre à Sandra de la garder. Il a accepté la présence de la gouvernante au début de leur mariage, comme une concession à la jeunesse de son épouse, mais il n'a jamais compris pourquoi elle avait tant insisté. Pour punir Adrien de Moncet, qui se retrouve seul dans la grande maison de Rambouillet ? Ou bien pour emporter un morceau de son pays ? Il avait pourtant toujours cru que Sandra n'éprouvait pas la moindre affection pour la vieille Adèle. Et puis il n'aime pas ce témoin de sa vie conjugale. Il aurait voulu Sandra pour lui tout seul. Quand il lui fait l'amour, il a l'impression que la vieille écoute derrière la porte. Il faudra qu'il revoit ce problème avec Sandra. Jusqu'à présent, elle ne lui a rien refusé. Docile Sandra. Il repense à son corps écartelé , la nuit passée et un frémissement parcourt son bas-ventre. C'est si facile de l'aimer. Trop peut-être. Il s'étonne parfois de la souplesse avec laquelle elle le laisse diriger sa vie, de l'enthousiasme encore parfois teinté de pudeur dont elle fait preuve en toute circonstances, comme si leurs quinze années d'écart lui conféraient le pouvoir de ne jamais se tromper. Trop facile ? Il ne se conforte pas dans cette idée. Depuis six mois, il avance à pas de loup dans leur relations. Il sait qu'elle passion, qu'elle violence, couve sous l'enveloppe lisse.
Marc hausse les épaules. Après tout, Adèle pourrait bien à la longue servir ses projets. Il compose à nouveau un numéro sur le cadran. Il entretient avec son correspondant une conversation de quarante-cinq secondes puis va rejoindre sa femme pour le thé.
Dix-neuf heures, déjà. Marc décide d'aller voir si Sandra est prête. Elle est toujours si longue à se préparer, pense t-il avec un sourire. Mais, en cette soirée de 14 juillet, il ne peut se permettre d'arriver en retard. La réception à l'ambassade de France est prévue pour vingt heures trente et, malgré les divers appuis dont il bénificie, le second secrétaire d; ambassade n'est pas autorisé à faire son entrée après lord Belcham, ministre du Foreign Office. Et lord Belcham n'est jamais en retard.
En pénétrant dans la grande chambre noir et blanc, Marc ne peut s'empêcher de frissonner. Il a laisser Sandra se charger de la décoration et il lui arrive de le regretter. Lignes sobres, design froid, il trouve parfois ce modernisme systématique presque vulgaire, et pourtant excitant. Il s'est contenté de rajouter des miroirs, en long panneaux sur le mur faisant face au lit et sur toute une moitié de plafond. Ainsi cette chambre remplit parfaitement ses fonctions, pense-t-il.
Debout devant l'une des glaces, Sandra l'aperçoit. Elle virevolte et lui sourit.
- --Tu es magnifique ! déclare-t-il en déposant un baiser dans le cou de la jeune femme.
Son regard survole la robe noire à fines bretelles, qui moule Sandra comme une seconde peau. Il remarque autour de ses poignets les deux lourds bracelets d'or qui dissimulent les marques laissées par leurs ébats de la nuit dernière.
- --Sans doute ! fait Sandra d'un air boudeur, mais je ne suis pas encore prête !
Il l'attire contre lui. Fébriles, ses mains parcourent le corps cambré. Il cherche sa bouche et l'embrasse avec violence.
- --Si tu continues, nous serons définitivement en retard.
La main de Marc a glissé sous la robe fendue très haut, remonte le long de la cuisse et s'immobilise brusquement.
- --Comment veux-tu que je pense à cette réception quand tu ne porte pas de culotte, souffle-t-il à l'oreille de Sandra.
Il soulève alors la robe, découvrant ses longues jambes gainées de noir, conduisant au porte-jarretelles de fine dentelle, écrin précieux pour une toison rousse. Le regard de Marc semble se coller à ce triangle, comme s'il voulait y pénétrer.
- --Toute la beauté du monde..., murmure-t-il, comme perdu dans un rêve. Si disponible...Il suffit de tendre la main. J'aime que tu sois offerte, Sandra.
- --Pour toi, je le suis toujours.
- --Pour moi et pour les autres. Pour tous les autres !
En un éclair, il revoit la verge noire dans le sexe nacré de Sandra.
- --Marc, dit-elle doucement, il faut que je finisse de me préparer.
D'un mouvement gracieux, elle se dégage, tourne sur elle même, exhibant ses fesses rondes et blanches. Tenant toujours sa robe contre ses hanches, elle avance jusqu'à sa coiffeuse puis laisse retomber le tissu soyeux et s'assied.Marc s'ébroue.
- --Tu as raison, dit-il en marchand vers la porte.
Surprise, Sandra le dévisage. D'habitude, il en faut plus à Marc pour le faire dévier de son idée. Surtout de se genre d'idée. Cette réception le tracasse peut-être plus qu'il ne le laisse paraître. Elle lui envoie un baiser du bout des doigts.
- --A tout à l'heure, Sandra. (Une lueur indéfinissable s'allume dans les yeux verts.) Ne me fait pas attendre.
Sandra remonte la bretelle de sa robe. Le satin glissant sur son épaule nue lui procure une délicieuse sensation. Elle adore porter ses vêtements à même la peau. {Encore une manie que Marc a soigneusement développée en moi}, pense-t-elle en soulevant la houppette blanche qui libère un brouillard de poudre fine.
Le miroir rectangulaire lui renvoie son image. La main suspendue dans le vide, elle cherche à déchiffrer son visage, guettant une marque, un indice de la nuit passée, de toute les nuits passées.
- --Ai-je vraiment changé depuis un an ? demande t-elle à son reflet.
Mais sa peau est toujours aussi fraîche, sa bouche aussi pulpeuse. Son corps s'est épanoui au fil des caresses. Seuls ses yeux violets trahissent parfois une fêlure dans le vernis parfait. Douze mois, depuis ce réveil à Juan-les-Pins, ce retour brutal à une réalité qu'elle n'a pas comprise, qu'elle ne comprend toujours pas. Ni Marc ni Adrien n'ont pu lever le voile sur ce mystère. James Liewelyn s'était tout simplement volatilisé et peronne ne savait où il était. Adrien semblait contrarié, Marc inquiet, mais toujours elle se heurtait à un mur de silence. Marc, le dernier à avoir vu James, disait-t-il vraiment la vérité ? Au début, elle n'avait pas voulu le croire. Elle s'était enfermée dans sa chambre, avait pleuré pendant de longue journées. Rambouillet et son cortège d'habitudes s'était refermer autour d'elle. Marc avait respecter ce deuil symbolique. Adrien s'était tu. Sans aucun doute, les deux hommes savaient qu'elle sentiments l'unissaient à James, mais ils avaient choisi de les ignorer.
Un jour, Marc était revenu, tout simplement. Elle s'était accrochée à lui, malgré la désapprobation de son père, comme à l'image d'un bonheur perdu. Quelque chose, qu'elle avait cru mort s'était mis à revivre à travers lui. Et un beau soir de décembre, elle avait choisi ce qu'elle croyait être la liberté. Marc l'aimait.
- --Te marier ? A seize ans ? Mais tu est folle, ma pauvre vieille ! avait crié Lucy, les yeux exorbités.
La nouvelle n'avait pas tarder à faire le tour du lycée. On la regardait comme une pestiférée.
Adrien n'avait pas cédé facilement.
- --C'est contre nature, disait-il. Tu es trop jeune et puis Renan a quinze ans de plus que toi. Ta pauvre mère...
- --Maman avait bien seize ans quand elle t'a épousé, n'est-ce pas ?
- --Ça n'a aucun rapport.
Sandra s'interrogeait. C'était comme si son père, après l'avoir jetée dans les bras des deux jeunes gens, s'était rendu compte que le jeu était allé trop loin. Comme si il ne comprenait pas lui-même à quel moment toute cette histoire lui avait échappé. Mais Sandra avait pris sa décision et Adrien avait fini par capituler.
Tout s'était alors passé très vite. La mairie, ce fou rire qui ne l'avait pas quittée de toute la cérémonie. Les braves gens de la famille qui la regardait d'un air pincé en caquetant {Il n'y a pas de fumée sans feu.} Gregory, coincé au bout du monde, n'avait pu venir. Sandra en avait été presque soulagée. Il lui avait simplement envoyé une Jaguar entourée d'un énorme ruban blanc, accompagnée d'une petite carte :
Tu sais conduire maintenant, Tsarina.Marc venait d'être nommé à l'ambassade de France à Londres. Ils s'étaient installés tout de suite après leur mariage dans la capitale britannique. En six mois, son père avait écrit une fois. Elle n'avait pas répondu.
{Oui en fin de compte, j'ai changé}, se dit-elle en reposant la houpette. Grâce à Marc, et à cette ville explosive. Elle avait commencer à devenir ce qu'elle voulait être : une femme libre et disposer d'elle-même.
Sandra regarde la petite pendule posée sur la coiffeuse. Bientôt huit heures. Elle cherche fébrilement le tube de rouge à lèvres orangé, celui dont la couleur rehaussera parfaitement son visage. Mais son esprit dérive encore. Elle revoit ses premiers pas londoniens, ses balades dans Carnaby Street, la passion du rock, l'agitation permanente de cette ville, qu'elle a reçue comme une gifle après le ronron de Rambouillet. Plus son esprit s'est ouvert aux vibrations de Londres, plus sa soif sensuelle a grandi. Et Marc s'est révélé un amant extraordinaire, inventif, curieux, protecteur. Il a voulu tout lui apprendre. Les pudeurs de Sandra, ses naïvetés ont fondu les unes après les autres. Tout a commencé avec les répétiteurs que Marc engageait pour elle. Aucun n'est resté très longtemps. La variété n'est sûrement pas la meilleure manière d'inculquer les maths ou la philo, mais c'est la seule recette pour apprendre l'art d'aimer.
Puis un jour, alors qu'elle se promenait du côté de Holland Park, après avoir garé la jaguar, un jeune homme blond l'a abordée. Ses cheveux lui arrivaient aux épaules. Il l'a entraînée dans une allée, puis ils sont entrer dans un local encombré de journaux, une grande pièce poussièreuse où trois autres garçons buvaient de la bière en riant. Ils se passaient une cigarette conique, plus grosse que la normale, et quand le blond le lui a tendue, Sandra n'a eu qu'une seconde d'hésitation. Elle découvrait à le fois l'underground et le haschich. Et plus tard, quand le blond, dans le débarras du fond, lui a fait l'amour sur des piles d'invendus, elle a découvert dans son nuage de fumée verte des sensations nouvelles, à la fois plus aiguës et plus pesistantes que ce qu'elle avait connu jusqu'à présent.
En rentrant à Montrose Place, elle avait tout raconté à Marc, attendant peut-être une réaction violente, un signe de jalousie. Marc l'avait attirer contre lui, lui avait demandé de raconter à nouveau son aventure, sans omettre aucun détail, et l'avait prise à même la moquette du salon, sans la déshabiller, cherchant a retrouver sur son corps l'odeur, l'itinéraire de l'inconnu.
A ce souvenir, Sandra frisonne.
- --Je ne t'accorde pas une seconde de plus !
Marc vient d'entrer. Elle lui sourit, ramasse sa pochette noire. Ils quittent la chambre en se tenant la main.
Quelques centaine de mètres séparent Montrose Place de Knightsbridge. Pourtant, lorsqu'ils sortent sur le perron, Sandra constate que la Daimler mise à la disposition de Marc par l'ambassade les attend.
- --Marc, si on y allait à pied pour une fois ? plaide t-elle. Il fait si doux !
- --Tu n'y pense pas ! Tu nous voit arriver comme deux loqueteux, en sueur et nos chaussures à la main ? Allez, monte.
- --Tu exagères.
Mais elle se glisse sur le siège du passager.
Marc tourne lentement dans Halkin Street puis emprunte Grosvenor Crescent.
- --Je n'exagère pas du tout, reprend-il, faisant sursauter Sandra perdue dans ses pensées. Ce soir, il y aura tout le gratin du Foreign Office, et je tiens à ce que tu me fasses honneur.
- --Et de quelle façon mon seigneur et maître veut-il que je lui fasse honneur ? susurre Sandra, posant ses doigts fins sur la cuisse de Marc.
Il rit.
- --Petite peste ! Tu commences vraiment à me plaire. Tu apprends vite.
Elle croisse ses mains au niveau de la poitrine et se penche vers lui en un faux salut de geisha.
- --Pour le plus grand bonheur de mon seigneur et maître, répond-elle.
C'est alors qu'elle remarque que la Daimler, au lieu de tourner dans Knightsbridge, s'est faufilée vers Hyde Park Corner et roule à présent dans Park Lane.
- --Marc, mon pauvre chéri ! Tu as perdu la mémoire. (Elle lui passe la main sur le front.) C'est bien ça, tu as de la fièvre. Tu ne sais même plus retrouver le chemin de ton ambassade !
Ses yeux pétillent de malice, tandis que sa main va encore une fois se poser sur la jambe de Marc, remonte vers l'entrejambe oû vient d'apparaître un relief intéressant.
Silencieux, Marc s'efforce de garder son sérieux. Les enseignes des grands hôtels défilent à toute allure, projetant leurs reflets rouge et blancs sur les vitres fumées de la Daimler. Ils entrent dans Hyde Park par Victoria Gate. Marc ralentit. Sandra comprend le manque d'insistance de son époux, tout a l'heure, dans leur chambre.
- --L'heure de ma vengeance a sonné, déclare t-il.
Avec la plus grande dignité, tenant toujours le volant d'une main, il ouvre prestement son pantalon. Puis, sans ménagement, il attire la tête de Sandra vers son sexe. Victime consentante, elle se laisse faire, et, avec un petit soupir, prend la verge dressée entre ses lèvres. Marc frémit, appuie sur le frein. La langue de Sandra a l'habileté du diable. Elle presse son gland, l'aspire, l'enrobe, lui tirant des gémissements rauques. La Daimler roule maintenant au pas. Marc baisse les yeux vers la cascade de cheveux rouges qui coule sur son bas-ventre et cette vision fait naître un incendie dans ses reins.
Ses deux mains appuient sur la tête de Sandra. Il lâche le volant et ferme les yeux. Il sent son sperme remonter dans sa verge, comme un mercure brûlant.
- --Attention !
Instinctivement, son pied est parti vers la pédale de frein. La Daimler a un hoquet puis s'immobilise. Marc ouvre les yeux. Un couple entre deux âges, comme une paire de lapins pris dans le faisceau des phares, le regarde, les yeux exorbités.
Marc baisse sa vitre, s'éclaircit la gorge. La bouche de Sandra n'a pas laché sa proie.
- --Chauffard ! dit l'homme. Vous pourriez regarder où vous allez !
Il s'approche de la vopiture, suivi de sa compagne.
- --Vous avez failli nous tuer ! glapit celle-ci en se penchant vers Marc, par la vitre ouverte, telle une harpie menaçante. Mais ça ne va pas se passer comme ça. On va porter plainte, on va...
Brusquement, elle semble s'étrangler.
Sandra vient de lever sur elle un regard candide. Dans sa bouche, la verge de Marc grossit encore.
- --Au satyre ! Police ! Au secours ! s'écrie la femme en s'enfuyant, entraînant son compagnon interloqué.
- --Police ! Au secours ! Police !
Le crie meurt dans la nuit. Marc et Sandra se regardent, éclatent de rire.
- --Nous ferions mieux de déguerpir. Tu vois les manchettes des journaux demain matin ? Le satyre de Hyde Park : un diplomate français et sa jeune complice terrorisaient les femmes seules et les couples honorables.
Il gare la Daimler dans une allée piétonnière, sous un orme.
Une demi-heure plus tard, une voiture noire se range dans Knightsbridge, devant le 58. Élégants,décontractés, sûrs d'eux, le deuxième secrétaire et sa jeune épouse en descendent. Dans leurs yeux brille encore l'étincelle du plaisir.
En haut de l'escalier qui mène à la grande salle de réception, Martin, l'aboyeur, se tient raide comme un if. Marc et Sandra Renan passent devant lui presque en courant. Tous les membres de la mission sont déjà présents, attendant fébrillement l'arrivée des invités. Il est huit heures vingt-sept.
Marc salut discrètement ses collègues, présente ses respects à M. de Vignes, l'ambassadeur, sous le regard courroucé de l'attaché militaire. Le général Brignon, homme d'exactitude, déplore le relâchement de la jeune diplomatie française.
Sandra s'est jointe au groupe des épouses. Elles échangent les derniers potins, se complimentent sur leurs toilettes avec des sourire acides. Sandra déteste cette caste étrange que forme les femmes de diplomates. Confites dans leurs hypocrisies, elle lui paraissent incapables d'apprécier les plaisirs de la vie.
- --Ma chère, votre robe est tout simplement divine ! bêle la femme du ministre-conseiller. Un peu...heu...voyante, toutefois ! Qu'en pensez-vous, madame Berthier ? Il est vrai que vous êtes si jeune, madame Renan...
- --Moi, je trouve Sandra parfaite ! Elle est la seule ici à pouvoir porter ce genre de robe sans avoir l'air de ce à quoi vous pensez, chère madame Robin ! lance Nancy Gaylord.
La secrétaire particulière de l'ambassadeur, une jolie blonde élancée, est l'unique représentante féminine qui trouve grâce auprès de Sandra. Elle est franche, intelligente. L'anglaise et la française ont tout de suite sympathisé.
Mme Robin manque d'avaler son sautoir de perles. Heureusement, Martin annonce les premiers invités, un petit groupe de fonctionnaires du Foreign Office, mettant une fin provisoire à cette joute féminine. Les cartons s'empilent dans la main de l'aboyeur. La grande salle se remplit lentement. Le maître d'hôtel donne des ordres discrets aux serveurs en blanc, au garde-à-vous derrière les buffets.
- --Son excellence lord Belcham, annonce Martin d'une voix puissante.
- --En forme ce soir, notre barbouze, glisse Marc à l'oreille de Jounot, le jeune attaché culturel.
Tout le personnel de l'ambassade sait que, sous sa livrée, Martin cache un revolver. Les services de sécurité ne reculent devant aucune couverture, et les moins évidentes sont souvent les meilleures. Le ministre des affaires étrangères britannique fait son entrer, monocle au poing et bacchantes dressées, en compagnie de son épouse. M. de Vignes se précipite au-devant de lui pour l'accueillir. Après l'habituel échange de politesses, la soirée prend un tour moin formel. Le champagne délie les langues et l'étiquette se décolle sur les bords.
Sandra et Nancy Gaylord bavardent avec Jounot. Ce dernier s'efforce de leur expliquer les tenants et les aboutissants du mouvement underground londonien et Sandra ne peut s'empêcher de sourire devant son enthousiasme. Jounot est un apprenti écrivain, qui a réussi à se faire pistonner à ce poste pour la durée de son service militaire. Et il a parfois tendance à se prendre un peu au sérieux.
- --Oz, c'est l'aboutissement, le summum en matière de magazine. Comprenez-moi, leur démarche est...
- --My dear Pierre, you talk too much, dit Nancy. Vous avez besoin de vous changer les idées. (Elle l'entraîne vers la terrasse.)Talking about magazines, have you heard about suck ?
Sandra regarde la grande fille blonde qui semble presque couver le petit écrivain au visage lunaire.
{Je me demande bien comment ces deux-là vont finir la soirée}, se dit-elle en réprimant un sourire coquin. Elle jette sur la salle un regard circulaire. Marc semble prises avec lady Belcham, et elle décide de ne pas les déranger.
Elle baisse les yeux sur sa coupe vide et se dirige vers le buffet le plus proche.
Une main se pose sur son bras.
- --Bonjour, mademoiselle de Moncet...Ou plutôt madame Renan ?
Sandra se retourne. Un fourreau d'or moule une silhouette aux contours voluptueux. Des yeux noirs cherchent les siens. Un parfum sucré flotte dans l'air.
- --May ! (Sandra veut lui sauter au cou mais se rapelle à temps où elle se trouve.) May, que fais-tu là ? Pourquoi ne ma tu pas prévenue ? Où est Gregory ?
Elle jette autour d'elle des regards impatients.
- --Une question à la fois, Sandra, dit May en riant. Gregory est à Singapour. Je suis ici pour voir un de ses clients.
- --Je ne savais pas que tu travaillais avec lui.
- --Disons plutôt que je suis son gant de velours.
- --Je vois.
- --Je n'en suis pas si sûre...En tout cas, je suis arrivée cet après-midi. Comme nous devions venir à cette réception, et que je savais que tu y serais, j'ai préféré te faire la surprise.
- --Nous ?
- --Le général Sanders. Celui qui croule sous les médailles, là-bas, et qui fait bâiller lord Belcham.
Elle tend un doigt discret, à l'ongle laqué de rouge, vers le fond de la salle.
Sandra aperçoit un homme assez grand, au ventre proéminant. Il a un nez long et fin, et ses deux sourcils forment une barre sévère au-dessus de ses yeux. Elle se rapelle l'avoir vu ce soir-là, sur le Rosebud.
- --May, dit-elle soudain, allons-nous-en. J'en ai assez de ces mondanités.
May lui jette un regard étonné mais ne discute pas.
- --Je vais prévenir mon général. On se retrouve sur le perron.
Sandra cherche Marc, l'arrache à un groupe d'admiratrices, quatre anglaises bedonnantes et bavardes.
- --Marc, j'ai une migraine épouvantable. Je rentre. Excuse-moi auprès de tous ces gens.
- --Sandra que t'arrive t-il ? Attends, je vais te raccompagner si tu ne te sens pas bien.
- --Non, ne te dérange pas. May est avec moi. Tu te souviens d'elle, n'est-ce pas ? L'amie de Gregory, sur le Rosebud.
Marc semble contrarié. Sandra tourne vers la grande porte où une silhouette noir et or lui fait un petit signe de la main.
- --Oui je me souviens d'elle, dit Marc. A tout à l'heure.
Pensif, il regarde s'éloigner les deux femmes.
Je ne te comprend pas, Sandra, tout à l'heure tu pétillais, et voilà que tu donnes l'impression de porter le monde sur tes épaules.
May, confortablement allongée sur le divan grège du salon, lape son gin à petites gorgées. Sandra suit le mouvement de sa langue rose, qui pointe hors de ses lèvres et plonge dans le liquide transparent. Elle s'en veut de cette tristesse qui s'est brusquement emparée d'elle. May, Sanders, le Rosebud, c'éstait trop pour une seule soirée.
- --Viens t'asseoir près de moi.
May se redresse, pour faire de la place à la jeune femme, qui se lève de son fauteuil et s'affale sur le divan. May passe son bras autour des épaules de Sandra.
- --Qu'est-ce qui ne va pas ? Je peux peut-être t'aider. Tu n'es pas heureuse avec Marc ?
Pour toute réponse, Sandra éclate en sanglots. Les larmes coulent le long de ces joues, intarissables. Secouée de hoquets, elle cache son visage contre l'épaule accueillante de May.
- --Là, Tsarina, pleure, laisse-toi aller.
May lui caresse les cheveux, murmure des mots rassurants à son oreille. Pendant dix minutes, Sandra reste ainsi, vidant son corps de cette ancienne douleur. May lui embrasse la joue, et elle se blottit plus près de cette femme douce, au parfum de jasmin. Elle est bien. Plus rien n'a d'importance que cette main sur sa nuque, sur son épaule. La bretelle de sa robe glisse, et May vient poser ses lèvres dans le creux lisse à la basse de son cou. Sandra frissonne. Son corps n'est plus douloureux. Pour rien au monde elle ne voudrait quitter la chaleur de cette peau. La bouche de May suit la ligne de son cou, se pose dans le creux de ses seins. La tête renversée en arrière, Sandra gémit.
- --May, commence-t-elle, cherchant le regard de la femme.
Puis d'une voix rauque :
- --Je voudrais...
May pose un doigt sur sa bouche.
- --Chut, Sandra. Il est des choses qui n'ont pas besoin d'être expliquées. Il suffit de les goûter.
Sa bouche s'empare des lèvres tremblantes de Sandra, qui s'abandonne à la douceur savante de la langue de May. C'est la première fois que Sandra embrasse une femme et la sensation de bonheur total qu'elle éprouve en cet instant lui fait regretter d'avoir attendu si longtemps.
- --Viens, montons dans ma chambre.
Timidement, elle prend May par la main et l'entraîne dans son univers de miroirs. La porte refermée. Sandra semble soudain perdre tous ses moyens. May s'approche d'elle, l'embrasse encore tendrement, l'entraîne vers le lit, tout en caressant ses seins.
- --Attends, ne t'allonge pas tout de suite. Je veut te voir.
Et, comme Marc tout à l'heure. May soulève la robe de Sandra. Elle s'agenouille devant la nudité offerte.
- --Je veut te boire. Te goûter.
May caresse les longues cuisses fermes. Sa bouche court sur la peau de Sandra, qui tient sa robe haut sur ses hanches, pour ne rien perdre du spectacle. May tourne autour de la toison, mordille doucement les plis de l'aine. Les mains sur les fesses de Sandra, elle frotte son visage contre la soie flamboyante. Sa langue part en exploration, s'insinuant dans les chairs moites, trouvant le bouton sensible, qu'elle lèche, abandonne puis reprend à nouveau.
- --May, il faut que je m'allonge, dit Sandra, haletante.
Elle se laisse tomber sur le lit. La bouche de May est toujours coller à son sexe, et les sensations qu'elle lui procure sont tellement nouvelles, tellement différentes, qu'elle jouit presque immédiatement. Son corps se soulève, semble planer un instant, puis retombe sur le lit. May s'allonge près d'elle. Sandra savoure le plaisir qu'elle vient de découvrir, l'apprivoise en esprit.
- --Déshabille-toi, dit-elle à May quelques minutes plus tard, en se débarrassant de sa robe chiffonnée, de son porte-jarretelles et de ses bas.
- Je veux te caresser moi aussi.
Sans se faire prier, May se coule hors du fourreau doré, révélant une peau hâlée, des hanches arrondies, des seins lourds.
- --Tu est belle, dit Sandra en prenant dans sa bouche l'un des mamelons bruns.
Instinctivement, elle trouve les gestes, les caresses qui vont faire jouir sa compagne. Il lui suffit de penser à son propre plaisir. Elle soulève les hanches de May, en un pont sous lequel ses doigts s'aggrippent. Son sang bat à ses tempes. Comme si un barrage avait cédé. Elle secoue sa chevelure, colle son visage contre le ventre tendu, se saoule de l'odeur de leurs liqueurs mêlées. Bouche ouverte, elle plonge entre les cuisses de May, lèche la toison à petits coups de langue. May se tord sur le lit. Sa tête roule de gauche à droite.
- --Sandra, ma petite vierge ! Lèche-moi..., oui, plus fort. Tu me fais jouir !
La bouche de Sandra dévore le sexe ruisselant, s'accroche à cette perle qui enfle, vibre sous sa salive. Le corps de May est agité de sousbresauts, elle attire la crinière rousse encore plus près de son ventre.
- --Tu me rend folle, Sandra.
La jeune femme se déchaîne, comme si elle faisait l'amour à son reflet. Elle tète, lèche, suce. Les reins de May suivent sa cadence.
- --Oh ! je jouis !... c'est si bon ! crie May.
Et, sans attendre, elle colle son corps contre celui de Sandra, la caresse à nouveau. Le sexe douloureux de Sandra acceuille avec gratitude la main de May. Seuls les halètements des deux femmes troublent le silence de la chambre. Les miroirs renvoient à l'infini l'image de leurs deux corps emmêlés.
- --Regarde-toi, Sandra, dit May. Je veux que tu me voies prendre ton corps.
Et, dans le plafond-miroir, Sandra voit May forcer deux doigts joints dans son ventre innondé. Elle pousse un cri rauque.
- --Oui, prends-moi...plus fort !
Les doigts de May s'activent en elle, avec force.
- --Oui, encore..., plus vite ! hurle Sandra, tandis que le pénis improvisé la déchire.
Ses hanches d'écollent, montent vers le plafond.
- --May, embrasse-moi !...May ! Elle voit sa jouissance dans la glace.
Corps contre corps, elles attendent que s'apaise l'ouragan qu'elles ont déchaîné.
- --Mes compliments, Tsarina. Pour une novice, tu es plutôt douée. Ou bien n'est-ce pas ta première fois ?
- --Si. Et je suis contente que tu sois ma première amante, May.
- --Ah ! parce que tu imagines déjà la longue liste des suivantes ? En tout cas, si tu es aussi habile avec les hommes qu'avec les femmes, je te prévois une belle carrière d'amoureuse.
- --Veux-tu être mon manager ? demande Sandra en riant.
- --Pourquoi pas ? Je vais finir par croire que ton oncle a été clairvoyant quand il t'a surnommée Tsarina. La grande Catherine elle-même ne t'arrive pas à la cheville.
Taquine, elle effleure le sexe de sa compagne, puis redevenant sérieuse :
- --May, j'ai un grand service à te demander.
- --Après cette soirée, je ne peux plus rien te refuser.
- --Non, c'est très sérieux... Je voudrais que tu retrouves James Liewelyn.
- --Quoi ? (May se redresse brusquement.) C'était donc ça. Voilà ce qui te ronge.
- --Ne te fais pas de fausse idées, May. Je suis parfaitement heureuse. C'est une simple question de curiositer. Je veux savoir pourquoi il a disparu.
- --Une simple question de curiosité, répète May, dubitative.
- --Crois ce que tu veux, après tout. Appelle ça de l'orgueil blessé ou autre chose. Mais aide-moi.
A ce moment, la porte s'ouvre sans bruit. La moquette étouffe les pas de l'arrivant.
- --Quel joli spectacle ! Y-a-t-il une place pour moi dans ce charmant tableau ? dit Marc.
Les deux femmes sursautent. May se reprend la première.
- --En ce qui me concerne, je crois que j'ai eu mon compte d'orgasmes pour cette nuit, déclare-t-elle en se levant.
Elle se penche pour attraper sa robe et ne voit pas l'ombre sinistre qui voile un instant le regard de Marc.
Sandra se demande depuis combien de temps il est derrière la porte.