Roman

Madame L'ambassadrice
(Sandra) . (2)


Il fait chaud. Sandra regarde le thermomètre extérieur : le mercure a franchi le cap des trente degrés. Affalée sur le canapé en rotin de la véranda, un verre d'orangeade à la main, elle se demande combien ça fait en Fahrenheit et renonce rapidement à trouver la soluition. Trop de soleil. De toute façon, elle n'a jamais rien compris à cette convertion. Cette histoire de degrés n'est qu'un moyen de tourner autour du sujet.
Pourquoi James n'est-il pas revenu ?
S'il travaille réellement avec son père, elle aurait dû le revoir. Elle imagine qu'il est attaché d'ambassade ou quelque chose d'approchant, sans savoir avec précision ce que cette fonction recouvre. Mais cela lui est égal. L'important, c'est qu'elle a passé ces huit derniers jours à attendre qu'il revienne, qu'il a envahi ses pensées et ses rêves les plus troubles. Elle a même failli recommencer à se ronger les ongles, détestable habitude qu'elle avait réussi à juguler, mais l'idée qu'il pourrait surgir d'un instant à l'autre et la juger d'après l'état de ses mains l'a sauvée in extremis de cette catastrophe.

--Sandra, tu ne crois pas que tu devrais aller faire tes devoirs ?
Adèle vient de passer la tête par la porte-fenêtre du salon.
Chère Adèle, elle ne supporterait pas de voir un moustique inactif, pense Sandra. Dans sa logique, les jeunes filles sages ont été créées pour étudier, tout comme les anophèles pour se repaître du sang de leur victime.
Mais elle répond :
--Oui Adèle. Bien Adèle.

Elle n'a, bien entendu, pas la moindre intention d'aller travailler. Sa tête est trop pleine d'images voluptueuses, son corps trop chargé de désirs pesant pour penser à des devoirs. Cette semaine de lycée a été un vrai supplice. Elle a suivi les cours comme une automate, n'écoutant rien, ne voyant rien. Elle n'a parlé de Liewelyn à personne. James est un secret qu'elle n'a pas envie de partager. Quand à mettre un nom sur les sentiments qu'il l'agitent depuis une semaine, elle s'y refuse catégoriquement, de peur de les voir s'étioler,
comme un papillon dont on touche les ailes.
Adrien de Moncet, président de la commission consultative pour le développement du commerce extérieur, est parti ce matin pour Paris jouer avec son ordinateur et malmener quelques vieux fonctionnaires. Sandra n'a jamais cherché à éclaicir la fonction qui se cache sous le titre ronflant. Son père n'est plus ambassadeur, c'est tout ce qu'elle sait. Elle ne va plus à l'école à Rome, ni à Beyrouth. Rambouillet, de lieu de vacances est devenu résidence fixe. J'usqu'à jeudi dernier, elle en éprouvait du regret, une certaine amertume. Elle s'était habituée à être l'enfant d'un bohémien de luxe. Mais ce 24 mai a tout changé. Elle remercierait presque son père de cette pseudo-retraite anticipée. A plusieure reprises, elle a failli interroger ce dernier à propos de Liewelyn. Mais, depuis ce thé désastreux, Adrien lui bat froid. Rien à esperer de ce côté-là. La moidre question posée à son père ne réussirait qu'à l'éloigner de l'objet de sa convoitise, ou encore à s'attirer un de ces regards particuliers, qui signifie : ( Mais de quoi vous mèlez-vous donc, jeune fille ? ) En général, ces regards-là servent à écarter toute question inopportune. Et Sandra en pose souvent.
( Bien, se dit-elle soudain en se dressant sur ses pieds. Fini les lamentations. L'heure de l'action a sonné ! )
Gonflée de résolution, elle s'engouffre dans le salon pour aller téléphoner à tous les Liewelyn de l'annuaire.
Dans le vestibule, elle croise Adèle, qui lui sourit, persuader qu'elle monte dans sa chambre retrouver ce bon vieux Cicéron. Lorsque la gouvernante disparaît vers les cuisines, Sandra s'engage dans le couloir qui mène au bureau de son père, ce saint des saints où personne n'a le droit de pénétrer. Ce qui n'empêche pas Sandra de le visiter régulièrement non sans un délicieux petit frisson d'appréhension. Elle pousse la porte et se retrouve dans un univers de papier. Les murs sont tapissés de bibliothèques où s'entassent des centaines de volumes. Sur le lourd bureau de chêne, des piles de dossiers attendent. A droite, une bibliothèque tournante, petite tour de Pise qui menace de crouler. A gauche, un coffre ouvert sur un amoncellement d'exemolaires de la revue l'Illustration. Sandra aime cette pièce et l'odeur qui s'en dégage, cire et papier mêlés à un vieux parfum de cigare. Comme chaque fois qu'elle viole se sanctuaire, elle marque une légère pause sur le seuil, puis se dirige vers les annuaires posés sur un guéridon près de ls fenêtre. Elle s'installe dans le grand fauteuil de cuir, derrière le bureau. D'une main, elle décroche le combiné de bakélite noire. Son index fébrile cherche la page des L.
Il y a sept Liewelyn . Elle colle l'écouteur contre son oreille, répète encore une fois dans sa tête le discours qu'elle a préparé puis compose le premier numéro.

--Allo ? dit une voix de femme.
--Bonjour. Je suis bien chez James Liewelyn ?
Quelqu'un marche dans le couloir ! Adrien ! Elle raccroche sans attendre la réponse et cherche du regard une issue. Sa seule retraite, la porte d'entrée, est coupée.

--S'il me trouve ici, ça va barder ! murmure-t-elle entre ses dents. Allez, fais marcher ta tête, et vite !

La fenêtre. Oui, mais comment la refermer ? pense t-elle. Elle se rapelle alors le petit cagibi attenant au bureau, oû son père entrepose quelques kilos de papier supplémentaires. Elle repousse la grande mappemonde, qui tourne en grinçant sur son socle, et se précipite dans l'étroit placard, le souffle court. Elle en referme la porte au moment précis où s'ouvre celle de la pièce.
Des voix d'hommes, étouffées par l'épaisseur du panneau de bois et les rangées de dossiers qui l'entourent, parviennent à ses oreilles. Elle reconnaît tout d'abord celle de son père.
--Entrez, messieurs. Juste le temps de prendre ces notes.
--Je suis assez impatient d'entendre ce que ce salaud de Smetlenko va nous raconter.
Le timbre est jeune, clair. L'inconnu semble presque joyeux.
--Quiet, Marc. You should learn to hold your tongue.
James ! Le pouls de Sandra s'accélère.
--Liewelyn a raison. Je préfère ne pas aborder ce sujet entre quatre murs, reprend Adrien de Moncet. Venez, messieurs. Allons dans le parc. Les ormes n'ont pas d'oreilles.
( Il est là ! Il est là ! ) chantonne Sandra tandis que le trio quitte la pièce. Lorsque tout est redevenu silencieux, elle s'extirpe de sa cachette. Couverte de toiles d'araignée, elle se précipite dans sa chambre. Un plan vient de germer dans sa tête.



Sandra a enfilé sa Lacoste blanche, sa jupe et ses chaussures de tennis. Sa raquette à la main, elle traverse l'office où Adèle s'affaire.

--J'ai fini mes devoirs ! lance-t-elle à la gouvernante. Je vais faire un set avant le thé.

Adèle lui sourit d'un air absent. Elle a bien l'impression que cette version a été expédiée un peu rapidement. Mais le club de tennis n'est qu'à sept ou huit cents mètre de la maison et il est fréquenté exclusivement par la meilleure société de Rambouillet.
Sandra s'applique à faire claquer la porte d'entrée. Mais au lieu de se diriger vers la grille, elle fait le tour du bâtiment pour rejoindre les communs.
Elle s'arrête devant le garage. Son regard survole les alentours, se pose sur la tonelle, à droite de la véranda. Son père et les deux jeunes gens ont le nez plongé dans des papiers. Tout va bien de ce côté. Silencieuse, Sandra pénètre dans le garage par la porte donnant sur le parc, Dans la pénombre, elle distingue la silhouette familière de la Rover de son père. Sagement rangée près de la voiture noire, une BMW gris métallisé, immatriculée CD, attend son propriétaire.
( Ça ne peut-être que celle-là ), se dit Sandra.
Elle se dirige jusqu'au fond de la grande pièce dallée de béton. Oui, derrière cette pile de pneus, il est bien là. Elle s'approche du Solex noir et rouillé qui appartient au lad et glisse sa raquette sous le tendeur accroché au porte-bagages. Puis elle tire la selle en arrière, en tenant le guidon. Elle sent une résistance. L'antivol. Sans s'affoler, Sandra retourne au fond du garage. D'un petit meuble métallique, elle tire une pince coupante. Elle a vu le jardinier s'en servir pour cisailler une clôture.
Une simple pression, et le cercle de métal caoutchouté tombe à terre. Sandra se redresse, pose la pince sur les pneus. Elle tire à nouveau le Solex en arrière et le dégage de l'encoignure.
Elle ne l'a pas entendu venir, pourtant il est là. Et il la dévisage sans comprendre.

--Qu'est-ce que tu fais là ?
--C'est plutôt à moi de te poser cette question, répond le lad. C'est mon Solex.
--J'en ai besoin. Je te le ramènerai tout à l'heure. Laisse-moi passer, réplique-t-elle.
Le garçon s'est planté devant l'engin. De toute évidence, il n'a pas l'intention de partir.

--Et tu m'a coupé l'antivol, en plus ! Si tu me l'avais demandé, je te l'aurai prêté, Sandra...

La voix du garçon devient rauque. Dans ces yeux brille cette lueur qui, une semaine auparavant, la faisait encore défaillir. Aujourd'hui, Sandra n'a plus de désir pour le lad. Mais il pourrait tout gâcher. Et le temps passe.
Elle se fait câline :
--Écoute, c'est juste pour une course. Je ne voulais pas te déranger. Je t'aurais ramené un autre entivol.
Mais déjà, il l'a saisie par le bras, l'a attirée contre lui. Sa bouche fiévreuse cherche les lèvres fraîches de Sandra. Dans un souffle il murmure :
--Pourquoi n'es-tu pas revenue ? Je t'ai attendue. J'ai envie de toi !
Sandra sent ses défenses faiblir. Malgré elle, son corps répond, se presse contre celui du garçon. Il l'embrasse avec fougue. Ses mains glissent sous la jupe blanche, palpent la rondeur des fesses. Sandra étouffe un gémissement et tente de reprendre le contrôle de ses sens.
--Je viendrai demain ! affirme-t-elle. Mais il faut que tu me laisses partir maintenant. Je suis pressée.
Le garçon ne l'a pas lâchée. Sa main rampe à présent entre les cuisses de Sandra. Sa respiration s'accélère. A travers la fine étoffe de sa jupe, elle sent le membre dur du lad.
--D'accord. Demain. Mais, si tu veux que je te laisse partir...(il prend dans la sienne la main de Sandra et l'attire contre son sexe)...,caresse-moi !
Sandra se mort la lèvre. Le contact de la verge du garçon contre sa paume l'émeut plus qu'elle ne le voudrait. Mais James est peut-être déjà en train de se lever, de prendre congé de son père.
Le garçon a dégrafé son pantalon. Il guide la main de Sandra sur son sexe dressé, lui imprime un lent mouvement rythmé par ses halètements. La tête enfouie dans le creux de l'épaule de la jeune fille, il s'abandonne. Sandra le sens près de jouir.
--Non ! dit-elle brusquement en essayant de retirer sa main. Pas ici. Papa a des invités. Ils vont venir checher leur voiture.
Mais le brusque mouvement de Sandra précipite l'issue. Le lad jouit et son corps entier semble se cabrer violemment.
Les joues empourprées, Sandra se dégage. Elle saisit le Solex par le guidon et le pousse par la porte coulissante, qui grince un bref instant. Sans regarder derrière elle, elle traverse l'étendue de gravier. Elle entend à peine le garçon qui lui crie :
--Viens ce soir !
Elle passe la grande grille entrebaîllée, souhaitant que personne dans la maison ne l'ait remarquée.
Elle se retrouve sur la route qui longe la propriété, la route de Pris. Une rue bordée de marronniers s'amorce sur la gauche. Sandra se poste à l'angle et s'applique à'respirer lentement, pour calmer les battements de son coeur.
Elle veut chasser de sa tête les minutes qui viennent de s'écouler, ne penser qu'à James.
( Il sortira forcément par là), se dit-elle.
Puis, à voix haute :
--A moi de jouer...Tu seras bien forcé de t'arrêter, James Liewelyn !
Les quatre syllabes de ce nom roulent dans sa bouche, elle les répète jusqu'à ce que son pouls retrouve un rythme régulier.
L'attente commence. Elle arrache une feuille de marronnier et s'amuse à faire une araignée, séparant soigneusement le limbe avec l'ongle de son majeur, sans abîmer les nervures.
Elle n'ira pas retrouver le lad. Plus jamais. Tout son être est tendu vers l'homme qui va venir.
( Et s'il n'allait pas à Paris ? se dit-elle soudain. Non..., c'est impossible. Il ne peut habiter ailleurs ). Mais elle n'est qu'à moitié rassurée. Le temps qui s'écoule met ses nerfs à rude épreuve.
--Enfin !
Elle enfourche le Solex et le fait démarrer d'un petit coup de pédale très sec.
Une BMW gris métallisé passe en trombe devant elle.
Comme l'étoile du ballet minutant avec soin son entré, Sandra s'élance sur la gauche, dans la rue des Alouettes qui descend à pic vers la route de Pris.
Le vent ébouriffe ses cheveux. Ses yeux s'illuminent et un sourire radieux éclaire son visage. Sa courte jupe se soulève.
( La jeune fille blanche sur le Solex noir, pense t-elle. Ça ferait un bon titre de chanson ). Elle a oublié le lad.
En bas de la pente, elle s'immobilise mais s'abstient de couper les gaz. A cette heure-ci, les rues de se quartier sont désertes. Les braves gens de Rambouillet font la sieste, jouent au bridge, au tennis ou à d'autre jeux derrière les volets clos. Tranquille, Sandra reprend son attente. Il ne peut pas savoir que la route fait un coude, se persuade-t-elle, il ne peut pas connaître le raccourci des Alouettes.
Trois minutes plus tard, une voiture grise débouche sur la droite.
( Gagné ! jubile Sandra. A nous deux, mon petit James ! ).
La BMW ralentit à l'approche du carrefour. Sur son Solex, Sandra compte les secondes. Au dernier moment, elle démarre. Les pneus de l'automobile crissent sur le macadam.
Un cri jaillit :
--Attention !
Regardant droit devant elle, Sandra fonce pour traverser la route. La voiture est presque sur elle. Elle freine doucement afin de contrôler le choc. L'aile droite de la BMW heurte la roue arrière du Solex. Sandra est soulevée. Elle plane pendant un dixième de seconde. Elle entrevoit le deux-roue qui se cabre, son corps retombe. Elle s'étale sur le capot de la voiture. Juste avant de fermer les yeux, elle aperçoit le visage de Liewelyn. Il est d'une pâleur étonnante.
Les portières claquent. Sandra sent une main sur sa jambe. Une autre se glisse sous son dos.
--Mademoiselle ! Mademoiselle ! Vous n'avez rien ? souffle la voix devenue famillière.
Les yeux toujours clos, Sandra imite à la perfection un gémissement douloureux. Pour être dans les bras de Liewelyn, elle aurait bien risqué une jambe cassée.
Un visage est penché sur le sien. Un souffle réchauffe sa joue ? Presque comme un baiser. Entre ses cils, elle distingue les yeux noirs, ombrés d'angoisse.
--Mon Dieu ! Mais c'est Sandra ! Sandra de Moncet ! s'écrie le jeune homme. Marc aide moi ! Vite !
Marc ? Oh ! non ! quelle idiote ! Comment a-t-elle pu omettre cette éventualité ? Il est avec l'autre ! Son tête-à-tête romantique tombe à l'eau.
Des bras la soulèvent, l'allongent sur les siès de la voiture.
Autant sortir le plus rapidement possible de cette situation ridicule. Elle ravale son numéro de grande blessée, ouvre les yeux et ne peut retenir un sourire, devant l'air enxieux des deux hommes.

--Bravo mademoiselle ! Vous pouvez vous vanter de nous avoir flanqué une belle frousse ! Rien de cassé ?

Sandra se trouve nez à nez avec l'autre. Celui qui s'appelle Marc. Aussi blond que James est brun. Deux fossettes qui n'arrivent pas à adoucir l'acidité du sourire. Un regard vert, légèrement ironique, glisse sur ses cuisses offertes, remonte vers son buste, la met à nu.
--En tout cas, voilà un trésor qu'Adrien m'avait toujours caché.
--Je n'est rien ! Laissez-moi ! lance-t-elle sèchement.
Puis à Liewelyn :
--Voudriez-vous me ramener chez moi, James ?



Adèle bourdonne comme une abeille affolée.

--Mais enfin, Sandra, qu'est-ce qui t'a pris d'emprunter ce Solex ? Tu sais bien que ton père te l'a toujours défendu !

--Il faisait chaud. Je n'avais pas envie de marcher jusqu'au court, bougonne la jeune fille, allongée sur le fauteuil du salon.

--Tiens, bois. C'est du cognac. Ça va te remettre d'aplomb.
--Je n'en veut pas, Adèle. Et puis laisse-moi. Je vais très bien.
--Montre moi ton coude, reprend la gouvernante. Tu saignes ?
--Ce n'est qu'un bleu !
Sandra dégage son bras et repousse Adèle, qui affiche un air de nounou offensée.
Adrien de Moncet entre dans le salon, suivi des deux jeunes gens.
--Bien. Tout est arrangé, commence-t-il, oublions ce regrettable incident.
Sandra ouvre la bouche pour parler, mais son père ne lui en laisse pas le temps. Ce coup-ci, elle n'échappera pas au sermon.
--Le Solex est bon pour la ferraille. Bien entendu, je dédommagerai le lad. Mais je ne veut plus jamais voir un engin à deux roue dans cette maison.
James Liewelyn, debout derrière de Moncet, ne quitte pas la jeune fille des yeux. Il lui sourit, et tout d'un coup le sermon n'a plus d'importance. Un peu en retrait, le compagnon de Liewelyn ne perd rien de cet échange muet.
--Tu as de la chance, en tout cas, continue Adrien, que M.Renan veuille bien passer l'éponge. L'aile de son véhicule est dans un triste état.
--Parce qu'en plus ce n'est pas votre voiture ? s'écrie subitement Sandra en se redressant.
Liewelyn lui jette un regard étrange. Une ombre passe sur son visage. Puis il prend la main de la jeune fille et avec un rire chaleureux :
--Non Sandra, ce n'était pas ma voiture.

Adrien de Moncet ravale la réplique cinglante qu'il avait au bout des lèvres et se tourne vers Adèle. Il lui fait signe de servir le thé.
Sandra sent une brûlure dans sa paume. Un courant qui la traverse de la tête aux pieds. Son père ne la regarde plus, et elle peut s'abandonner sans retenue à ce bonheur bref. Rien ne la fera changer d'avis à présent. James Liewelyn sera son premier amant.

--Si je peut me permettre un conseil, mademoiselle de Moncet, intervient Marc Renan, la prochaine fois que vous voudrez jouer les Juliette, ne vous trompez pas de Roméo. Je n'est qu'un stock limité de BMW...

Il a un petit sourire narquois.
Elle sait qu'il a tout compris.


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