Roman

call-Girl
* Un Nippon timide * (12)

Petit à petit, j'ai renoué avec certaines relations, j'ai rétabli le courant avec quelques-uns de mes contacts les plus intéressants. Si bien que je suis maintenant spécialiste en relation amoureuses, attachée à quelques grande sociétés multinationales qui ont pignon sur rue à Montréal. On me téléphone directement chez moi, un jour ou deux à l'avance. Les compétences requises sont les suivantes ; être jolie, élégante plutôt que voyante, connaître les règles de l'étiquette, savoir écouter et offrir des garanties de discrétion absolue, j'ajoueterais être bonne comédienne, et bien sûr savoir parler de la main et de la hanche !
La rénumération est fort intéressante. De sorte qu'une demoiselle compétente peut, en une seul nuit, payer largement le loyer de son appartement.

*****

Ce soir-là je dois faire la rencontre d'un monsieur élégant, globe-trotter sérieux de la finance. Il s'agit d'un Japonais très haut placé.
La rencontre a lieu dans un bar élégant. Mon Japonais est petit. Il a la mise soignée, le sourire ineffaçable, la courbette facile et la démarche feutrée. Il est d'une galanterie d'un autre monde, touchante. En présence d'un tel personnage, une femme se sent comme un vase précieux.
Mon rôle est d'accepter ses prévenances, de le mettre a l'aise, d'être douce et confiante.
C'est aussi de lui donner l'impression que je l'accompagne pour ses qualités et non son fric.
Chacun de nous deux sait qu'il joue un jeu, mais il est bien défendu de le laisser voir.
Mon petit compagnon contraste drôlement avec les hommes que j'accompagne ordinairement. Ceux-la ne font pas tant de chichi. Ils sont directs. Ils ont payé le gros prix, ils n'ont plus qu'a jouir des redevances, ce dont ils ne se privent pas.

Je suis habillée d'une robe simple. Il fait chaud, nous sommes en juillet, et la soirée est belle. Je propose donc a mon ami du soleil levant la tournée de quelques bars, apres quoi nous pourrons nous attabler dans un bon restaurant. Il accepte tout ce que je propose. Sa conversation est intéressante. Il parle de son pays, de son travail, de ses fréquent séjours en Amérique. Lui ne boit pas beaucoup. Jamais de blagues de goût douteux. Jamais d'anecdotes salées. Et surtout, jamais d'allusions a ce que nous devrons faire plus tard en soirée. La situation m'amuse.
Il achete des fleurs a la bouquètiere, me les offres et nous prenons une table. La salle à manger étincelle de tous ses lustrer. Puis le festin s'achève dans le pétillement d'un champagne capiteux, sans laisser échapper la moindre allusion au sexe. Il faudra bien y arriver pourtant. La nuit s'avance. On ne se fend pas ainsi d'une soirée coûteuse en compagnie d'une inconnue, pour une étreinte de routine. J'ai plûtot l'instinct optimiste et probablement encore plus insouciant. Sans compter que ma curiosité pour l'insolite l'emporte toujours sur mes craintes...

Finalement, il s'offre à me reconduire chez moi. À la surprise qui se peint dans mes yeux, il comprend bien que je m'attendais à tout autre chose. Il explique alors qu'il a vivement apprécié la soirée et qu'il désire me revoir lorsqu'il reviendra à Montréal.Qu il est attiré par moi, mais qu'il hésite à d'étourner vers moi l'amour de sa femme. Bref, qu'il ne l'a encore jamais trompée. L'espace d'un instant, je me fais la réflexion qu'il se moque de moi, qu'il m'a fait perdre une soirée et qu'il tentera peut-être "d'oublier" de rénumérer mes services.
Mais il avance la main, glisse discrètement sous mon assiette une enveloppe. Ouf ! mon gagne pain est assuré.
Il me quitte sur le seuil de ma porte, dépose un baiser furtif, après avoir obtenue ma promesse d'accepter de le revoir à la prochaine occasion.
Aussitôt la porte refermée, je me hâte d'ouvrir l'enveloppe. Décidément, son comportement est troublant ! À la somme convenue, il a ajouter un pourboire royal. Ma fois, il a tout du parfais gentleman. Ou bien il est d'une naïveté incroyable.

Mon étrange Nippon me téléphone quelques mois plus tard. Il est à Montréal pour quelques jours et j'ai l'occasion de le rencontrer à quelques reprises. Finalement, à la 7 ième occasion, il me fait galament comprendre que le moment crucial est arrivé. J'imagine les mystérieuses et complexes étreintes, comme sur les images du Kama Sutra que les copines, au colège, se passaient en cachette. Les Orientaux que j'ai connus étaient tous gens bien adaptés à la vie américaine et faisaient l'amour comme n'importe quel autre homme. Mais celui-là, avec son rituel imprégné dans tous les gestes, devrait m'en apprendre un peu plus sur la géographie d'Extrème-Orient !

Hélas ! notre rencontre sexuelle s'avère des plus simples et des plus ordinaires. Nous passons une nuit douce et chaleureuse, mais sans surprise aucune. Ou plutôt si : comme le prétend la rumeur publique au sujet des Chinois et des Japonais, il portait, dans son caleçon de soie jaune, un minuscule sabre de samouraï...!
Je n'ai plus revu le petit homme. Il avait finalement conclu le marché avec la société qui m'engageait et doit aujourd'hui négocier ses contrats quelque part ailleurs dans le monde.


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